Lutte contre le terrorisme : quand les humains refusent le dialogue

Les tueries perpétrées à Charlie Hebdo en ce début d’année 2015 est une version française du 11 septembre aux Etats-Unis d’Amérique. L’opinion internationale a réagi par des condamnations en cascades sans suggérer la négociation. La confrontation entre les islamistes et les Etats est ainsi l’unique conflit au monde où le dialogue est banni.

Une force spécialisée française à l'assaut de Coulibaly le preneur d’otage
Une force spécialisée française à l’assaut de Coulibaly le preneur d’otage

Des échelles de valeurs antagonistes séparent l’Islam radical et l’Occident. Pour le premier, le salut pour la communauté des fidèles musulmans, résident dans l’imposition de la Charia*.
Pour l’Occident, les sociétés fermées, telles qu’en pays islamiques n’ont pas droit de cité dans ce monde. Une position que le radicalisme musulman perçoit comme la pire de menaces et cherche à tout prix à s’en préserver.
Dans cette confrontation entre l’ « olivier » islamique et la « puce » occidentale, la chance du dialogue est bien mince, car les protagonistes s’excluent réciproquement de la sphère humaine.

Des représentations réductrices injustifiées

Pour l’Islam radical, l’homme occidental, de par son mode de vie et de pensée, est l’incarnation du péché. Il est infréquentable à tout point de vue. Les « mécréants », les « infidèles » ou les « ennemis d’Allah » (Dieu) méritent la mort et non un quelconque dialogue.
L’occident rétorque que les préceptes de la Charia sont si barbares et si obscurantistes pour s’appliquer aux êtres humains. On qualifie les terroristes de fous, de malades, de chiens…, indignes de l’espèce humaine.

Une seule logique : Tu me frappes, je te frappe…

Depuis les attentats du 11 septembre 2009, une seule logique fonctionne, celle de la destruction mutuelle. Aujourd’hui, Paris adopte le même dispositif. Le Président Hollande réactive le plan Vigi Pirate, réquisitionne 10 000 soldats pour une guerre sans merci contre les illuminés.
Mais après la mort de Osama Ben Laden, Sadam Hissein, et autres leaders, le terrorisme n’a pas dit son dernier mot. Au contraire des nouveaux groupes  entrent en scène. L’état islamique en Irak et en Syrie, Boko Haram et El Chabab En Afrique.
Les sept milliards d’humains que nous sommes assistent impuissants à l’escalade belliqueuse, hypnotisés par cette folle guerre. Les diplomates du monde ont peur de proposer une alternative à la lutte, craignant d’être accusés de complices. La Ligue Arabe et l’organisation internationale des états islamiques sont muettes. L’ONU dont la mission et de préserver la paix mondiale a choisi son camp, celui de la modernité contre « l’obscurantisme ».

Que des dégâts inutiles…

Les personnes tuées dans les le 11 septembre, celles tuées en Irak ou en Afghanistan dans la traque des Talibans, les otages engorgés çà et là, les civiles israéliens et palestiniens tués par les kamikazes du Hamaz ou les chars de Tsahal, les villageois abattus froidement par Boko Haram au nord du Nigeria, et par les Chabab au Kenya et en Somalie  sont tous des pertes inutiles, tous ou presque ne sauront jamais pourquoi elles ont dû quitter ce monde !

Les dégâts matériels sont aussi incalculables. Combien dépense-t-on pour combattre le terrorisme planétaire; combien les terroristes eux-memes dépensent-ils pour recruter, former et équiper les Djihadistes…Les citoyens du monde savent comment les mesures de sécurité restreignent leurs libertés ?

Et pourtant…

Rien ne justifie ce refus de négocier, si ce n’est ce principe absurde de « ne jamais céder à la peur », comme l’ont réaffirmé les dirigeants du monde réunis à la marche républicaine à Paris. Une chose est sure. Mr Hollande n’a pas aussi peur qu’un citoyen Français parti à l’autre bout du monde. La peur est bien là.
Nous sommes tous humains, quels que soient nos actes. Tout conflit peut trouver sa solution par le dialogue. Pourquoi n’organise-t-on jamais de rencontre de dialogue entre les organisations terroristes et les Etats. Sommes-nous si incapables de faire des concessions au nom de la paix. Sommes-nous plus humains étant enfermés dans le cercle de la violence?
Les structure de dialogue sont pourtant légion et peuvent rapprocher les uns et les autres en vue du dialogue.
Il serait inadmissible qu’après ces tueries de Paris d’autres personne tombent sous les balles des Djihadistes ou celles des forces de sécurité au nom de quelque principe que ce soit. 

Antoine Adoum Goulgué
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Les termes « olivier » et « puce » sont de Thomas Friedman employés dans « la puce et l’olivier, Comprendre la mondialisation » aux Editions Nouveaux horizons.
Ce journaliste du New York times désigne par Puce la déferlante globalisation qui n’épargne aucune société au monde et l’Olivier, toute forme de résistance adoptée par une communauté pour conserver ce qu’elle a de plus cher.
Charia : Loi islamique

Tchad : Quand le pétrole nous coule entre les doigts

Le prix du pétrole a chuté plus bas que 50 dollars le cinq janvier. Cette baisse de prix favorisera « la croissance de économie mondiale, respectivement de « 0,7 et 0,8 point de croissance en plus en 2015 et en 2016 », simulent les experts du Fonds monétaire international (FMI). Au Tchad nul ne sait les effets de cette baisse de prix.

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Selon les simulations du FMI, les économies qui dépendent peu de l’exportation de l’or noir-Europe, Etats-Unis et Chine-tireront les plus gros bénéfices. La production industrielle et les services, notamment les compagnies aériennes, les automobilistes vont dépenser moins d’argent pour l’achat du carburant, car les prix n’ont jamais été aussi bas depuis 2009. L’économie sur le coût de production entrainera des effets bénéfiques tels que la baisse de prix sur le marché.

Au Tchad, pays dont le produit intérieur brut (PIB) dépend essentiellement de l’exportation du pétrole, ni l’Etat, ni les ménages n’en tireront profit. Au niveau de l’état, la mauvaise nouvelle est que les recettes prévues au budget passeront de 1.703 milliards F CFA (conseil des ministres) à 1.500 milliards F CFA. La conséquence immédiate « fait subir aux dépenses des coupes drastiques », comme avertit le Ministre des finances Bedoumra. Ces coupes qui réduisent les avantages des responsables pousseront ces derniers à détourner les crédits d’investissement. En fin de compte, c’est le contribuable qui en patit et la rigueur préconisée par le gouvernement n’y fera rien, tant la pratique est devenue une obligation.

Les économistes prédisent que les pays exportateurs du pétrole n’ayant pas diversifié leur économie n’auront pas les ressources pour financer leurs projets sociaux. Par conséquent, des crises sociales peuvent en découler. Au Tchad, rien ou presque, n’est envisagé pour éviter cela !
Le gouvernement se contente d’annoncer la baisse de recettes et se tourne vers des prêts extérieurs pour combler le déficit budgétaire. Deux bouées de sauvetage : la Facilité élargie de crédit du FMI obtenue en août 2014 et l’émission des bons du Trésor.

Les tchadiens savent-ils que ces mesures précèdent la chute des prix et visent d’arrêter une hémorragie budgétaire datée de 2012. Cette année-là le Tchad a follement emprunté auprès des bailleurs peu exigeants-la Chine, la Libye et l’Egypte-hissant sa dette extérieure à près de 30% du PIB.
Le Pays fait donc face à un fort risque de surendettement, d’où l’intervention du FMI.

Quel que soit le prix du pétrole, le Tchad devait offrir des cargaisons de pétrole brut, en compensation des $2 milliards de Exibank China et $600 millions de Glenkor, prêts obtenus sous forme d’avance sur la production à venir.
Le malheur ne venant pas seul, les Tchadiens vont acheter le carburant trop cher au moment où leur pays exporte deux fois moins cher son brut, à cause d’une pénurie de carburant qui n’a d’explication que la mafia. C’est donc pour cette raison qu’on nous demande d’oublier ce pétrole qui ne nous appartient plus!

Antoine Adoum Goulgué

Chute de la ville nigériane de Baga: la secte Boko haram s’oriente-t-elle vers le Tchad ?

L’annonce est faite par l’agence France Presse (AFP) ce dimanche 04 janvier 2015:
« Le groupe islamiste nigérian, Boko Haram a pris le contrôle samedi d’une base militaire et de plusieurs localités voisines dans l’extrême nord-est du Nigeria, le long des rives du lac Tchad ». Plus inquiétant, la secte n’a pas rencontré de résistance de la part de l’armée nigériane.

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La ville de Baga se situe sur la frontière lacustre du Tchad. Désormais, seules les eaux peuvent aider l’armée tchadienne à contenir les insurgés. Quant à la raison de s’en prendre au Tchad, elle viendrait de cette localité tombée samedi. La ville abritait des soldats tchadiens membres de la force inter-état mise en place en 1998 et participaient à la traque des Djihadistes.

L’armée tchadienne, de par ses interventions foudroyantes, dissuade les djihadistes. Mais avec leurs victoires à Achighassia (Cameroun) et à Baga, les hommes de ABubakar Shekau pourraient avoir le moral qui leur permettrait d’ouvrir le front Tchadien.
Assurément, car la secte islamiste ne cache plus son intention d’étendre les frontières de l’état islamique dont elle rêve au-delà du Nigeria. Les populations vivant au nord du Cameroun et du Tchad, musulmanes et en majorité analphabètes, pourraient difficilement résister à l’appel de solidarité des islamistes.

Au Tchad, le spectre de Boko Haram plane depuis des mois et la menace est prise très au sérieux. Le président Deby a visité en 2014 plusieurs localités du Lac-Tchad, mettant en garde la population contre toute connexion avec la secte. Il est suivi dans sa démarche par les leaders religieux-musulmans et chrétiens. Les chefs des deux principales religions monothéistes au Tchad ont organisé des séminaires de sensibilisation à l’intention de leurs fidèles sur le danger que représente Boko Haram.
Cependant, la décision d’attaquer ou de ménager le Tchad dépendra de la nature des relations que le pouvoir tchadien entretient avec cette secte créée en 2002.

L’opposition tchadienne basée à l’étranger accuse le président Deby de soutenir Boko Haram afin qu’elle épargne son régime. Cette opposition véhicule les informations-non confirmées ni infirmées-selon lesquelles un proche du président Deby a été appréhendé au Soudan en possession de neuf missiles qu’il devait livrer à Boko Haram.
Les jours qui suivent permettrons de voir plus clair.

Antoine Adoum Goulgué

 

Nous sommes heureux autour de 40 ans

Le bonheur est le plus fréquemment employé dans nos formules de vœux de bonne année. En souhaitant le meilleur à nos amis et proches, nous exprimons combien nous sommes nous-même en quête de cet état de vie.

Le visage du bonheur
Le visage du bonheur

L’inconnue est que nous ignorons à quel moment de la vie, nous sommes le plus heureux et à quelle condition ?

C’est ce que révèle un sondage réalisé par un cabinet d’assurance qui a interrogé 1 000 personnes âgées de 70 ans et plus.
Selon cette étude les personnes du sexe féminin sont les plus heureux autour de l’âge de 38 ans et celles du sexe masculin le sont autour de l’âge de 40ans.
L’étude révèle aussi que la condition pour jouir de ce bonheur est d’être bien entouré(e).
Constatons que, l’âge de 38 ans ou la quarantaine d’année, correspond bien à l’âge d’un sujet qui travaille, par conséquent, jouit d’une certaine autonomie financière.

Antoine Adoum Goulgué

 4 décrets par jour, performance établie par Deby en 2014

dadLorsque l’Assemblée Nationale et la Présidence de la République du Tchad ont contraint à la démission l’ancien premier Djimrangar Dadnadji pour motif d’instabilité gouvernementale, je me suis écrié que nos autorités ont enfin pris conscience du phénomène. Mais il s’est vite avéré que l’accusation n’était qu’un formalisme destiné à se débarrasser d’un fonctionnaire jugé « récalcitrant ». L’instabilité, la vraie, poursuit son chemin et, avec elle, des conséquences désastreuses pour l’administration et ses usagers.

Cinq remaniements ministériels en dix mois, c’est ce que les députés ont  qualifié d’incapacité à l’égard de cet homme perçu à sa nomination comme un cadre compètent. Trois mois après sa démission, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, son successeur, Pahimi Kalzeube Debe a dû retoucher son équipe à trois reprises, avant de rattraper Djimrangar au score décrié de cinq remaniements en dix mois.

Faut-il en conclure que les racines de l’instabilité vont au-delà de la primature ? Surtout pas à la Présidence de la République, puisque le locataire du palais présidentiel est en poste depuis 1990. Mais un coup d’œil à la liste des décrets présidentiels donne à constater que le mal vient de là.

En 2014, le Président Idris Deby Itno (IDI), a pris 1 479 décrets, le dernier, signé le 05 décembre de l’année. Calcul mental, cette année-là, Deby a gouverné le Tchad à coup de quatre décrets par jour.
Rien d’anormal dites-vous. Mais lorsqu’on compare cette frénésie ‘decréturale’ à celle réalisée dans la sous-région Cemac, notre Président est loin en tête.
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Paul Biya Président du Cameroun voisin, n’en a pris qu’1,6 par jour. Le Président guinéen Obiang NGuema Mbasogo se montre plutôt avare avec seulement, 174  décrets toute l’année, soit ce que IDI réalise en un petit mois.
Comparaison n’est pas raison. Mais lorsque 90% de ces actes sont des nominations, l’instabilité est bel et bien fille de la présidence.

Face à ces chiffres, je m’interroge : quelle est la durée moyenne de séjour d’un décrété à son poste ? Si les ministres ne restent en poste que trois mois, les directeurs ont une longévité plus réduite. Comment l’administration de la Présidence décrète-t-elle un honnête citoyen à un poste de responsabilité ? Etudie-t-elle sérieusement les dossiers des candidats pour déterminer la qualification ; fait-elle une enquête de moralité préalable ?

Difficile de l’affirmer, car cette instabilité à la tête des services publics ne peut s’expliquer que par des erreurs qu’une telle étude aurait évité. Sinon comment comprendre qu’un tel, à peine nommé directeur reçoit un autre décret le relevant de ce poste avant même sa prise de service; tel autre, relevé de ses fonctions il y a quelques jours, y est reconduit par un autre décret !

Je refuse néanmoins de croire la caricature qui présente l’administration publique-y compris celle de la Présidence-comme une foire où les citoyens les plus offrants et les plus mafieux achètent ou obtiennent les postes qu’ils désirent, ni celle selon laquelle les hauts fonctionnaires de l’Etat ont dans leur sacs un lot de curriculums vitae prêts à être introduis dans un projet de décret.

Les conséquences en termes de coût et de disfonctionnement, sont tout simplement énormes. Nous savons tous qu’un décrété relevé de ses fonctions emporte presque tous les biens matériels du service-jusque aux rideaux et moquettes des bureaux-avant de céder sa place. Son successeur renvoie au « garage* » ou au chômage presque tous les agents précédemment en service pour les remplacer par les siens en majorité des décisionnaires* qu’il recrute à tour de bras.

Au niveau des usagers, cela se traduit par de pertes de documents ou de retard dans les traitements des dossiers dû aux rejets liés au changement de signature.

La pratique est lourde de conséquences, mais nous semblons l’ignorer lorsque chaque soir nous sommes toutes à oreilles suivant la lecture fastidieuse des décrets.

Que l’année 2015 soit, à tous les niveaux de l’administration publique, une année de stabilité.

Antoine Adoum Goulgué
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*Garage: Un fonctionnaire sans poste, ne vivant que de son salaire
*Un décisionnaire: un travailleur temporaire n’ayant pas le statut de fonctionnaire