Tchad : Quand le pétrole nous coule entre les doigts

Le prix du pétrole a chuté plus bas que 50 dollars le cinq janvier. Cette baisse de prix favorisera « la croissance de économie mondiale, respectivement de « 0,7 et 0,8 point de croissance en plus en 2015 et en 2016 », simulent les experts du Fonds monétaire international (FMI). Au Tchad nul ne sait les effets de cette baisse de prix.

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Selon les simulations du FMI, les économies qui dépendent peu de l’exportation de l’or noir-Europe, Etats-Unis et Chine-tireront les plus gros bénéfices. La production industrielle et les services, notamment les compagnies aériennes, les automobilistes vont dépenser moins d’argent pour l’achat du carburant, car les prix n’ont jamais été aussi bas depuis 2009. L’économie sur le coût de production entrainera des effets bénéfiques tels que la baisse de prix sur le marché.

Au Tchad, pays dont le produit intérieur brut (PIB) dépend essentiellement de l’exportation du pétrole, ni l’Etat, ni les ménages n’en tireront profit. Au niveau de l’état, la mauvaise nouvelle est que les recettes prévues au budget passeront de 1.703 milliards F CFA (conseil des ministres) à 1.500 milliards F CFA. La conséquence immédiate « fait subir aux dépenses des coupes drastiques », comme avertit le Ministre des finances Bedoumra. Ces coupes qui réduisent les avantages des responsables pousseront ces derniers à détourner les crédits d’investissement. En fin de compte, c’est le contribuable qui en patit et la rigueur préconisée par le gouvernement n’y fera rien, tant la pratique est devenue une obligation.

Les économistes prédisent que les pays exportateurs du pétrole n’ayant pas diversifié leur économie n’auront pas les ressources pour financer leurs projets sociaux. Par conséquent, des crises sociales peuvent en découler. Au Tchad, rien ou presque, n’est envisagé pour éviter cela !
Le gouvernement se contente d’annoncer la baisse de recettes et se tourne vers des prêts extérieurs pour combler le déficit budgétaire. Deux bouées de sauvetage : la Facilité élargie de crédit du FMI obtenue en août 2014 et l’émission des bons du Trésor.

Les tchadiens savent-ils que ces mesures précèdent la chute des prix et visent d’arrêter une hémorragie budgétaire datée de 2012. Cette année-là le Tchad a follement emprunté auprès des bailleurs peu exigeants-la Chine, la Libye et l’Egypte-hissant sa dette extérieure à près de 30% du PIB.
Le Pays fait donc face à un fort risque de surendettement, d’où l’intervention du FMI.

Quel que soit le prix du pétrole, le Tchad devait offrir des cargaisons de pétrole brut, en compensation des $2 milliards de Exibank China et $600 millions de Glenkor, prêts obtenus sous forme d’avance sur la production à venir.
Le malheur ne venant pas seul, les Tchadiens vont acheter le carburant trop cher au moment où leur pays exporte deux fois moins cher son brut, à cause d’une pénurie de carburant qui n’a d’explication que la mafia. C’est donc pour cette raison qu’on nous demande d’oublier ce pétrole qui ne nous appartient plus!

Antoine Adoum Goulgué